LA HERSE
Un lundi matin, à travers les vitres de la classe, nous vîmes arriver deux gendarmes dans l'école.
L'événement était si étrange que nous nous demandions ce qu’ils venaient faire ici.
La maîtresse fut appelée dans le couloir pour un long conciliabule avec les pandores.
Puis elle ouvrit la porte et m’appela avec deux de mes copains pour un interrogatoire en règle.
Ils voulaient connaître notre emploi du temps du dimanche après-midi.
Sans encore savoir ce qui était arrivé, je racontais décontracté, l’excellent dimanche que nous avions passé tous les trois à jouer aux billes.
Visiblement nos déclarations ne se satisfirent pas la marée chaussée qui promit de revenir le lendemain en nous assurant qu'ils sauront nous faire dire la vérité.
Quelle vérité ?
En rentrant à la maison pour déjeuner, je fus attrapé par ma Mère en colère qui elle aussi me demanda de dire la vérité.
Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait et demanda à ma Mère de me dire ce que l'on me reprochait.
Elle m'expliqua que le dimanche après-midi des enfants avait placé une herse appartenant au forgeron, les dents à l'air sur le bas-côté de la route.
Le lundi matin le camion du laitier roula sur l’engin et creva deux pneus.
Le responsable de la herse fut inquiété par les gendarmes et il leur indiqua que ce ne
pouvait être que les trois garnements qui avait l'habitude de jouer avec ces outils.
Les gendarmes revinrent nous interroger de nombreuses fois et nous eûmes beaucoup de mal à nous disculper.
Cette affaire me fit beaucoup de mal et je compris et ce que pouvait ressentir un innocent accusé à tort.
Très longtemps après j’appris par hasard que deux autres copains s'étaient amusés le dimanche à atteler un chien sur la herse et l’avait laissée sur le bord de la route sans se douter qu'elle était dangereuse pour la circulation.